Séniors : pas d'argent pour les soins dentaires

Deux études anglo-saxonnes viennent une nouvelle fois de démontrer que les problèmes financiers des séniors britanniques et américains sont responsables de bien des déboires bucco-dentaires et médicaux.

Indépendamment de l’âge, le lien entre faibles revenus et mauvaise santé bucco-dentaire a déjà été clairement confirmé par nombre d’études nationales et internationales. Bien que la méthodologie et la conception de ces recherches soient parfois très différentes, elles parviennent presque toute à la conclusion susmentionnée. Une étude britannique vient d’examiner une nouvelle fois cette relation dans une vaste database reprenant des données-patients (anonymisées), tandis que d’autres recherches réalisées aux États-Unis confirment que les séniors américains qui ne disposent pas d’une assurance soins dentaires souffrent plus souvent de parodontite – un problème dont on sait qu’il constitue un facteur de risque de toute une série de maladies chroniques telles que les troubles cardiovasculaires et le diabète.

 

Fossé dentaire

 

À 70 ans, les citoyens britanniques ayant engrangé de faibles revenus tout au long de leur carrière avaient en moyenne 8 dents de moins que les sujets du même âge qui avaient été mieux payés. Voilà, en très bref, la conclusion d’une étude à grande échelle à laquelle ont participé 6.000 sujets britanniques âgés de plus de 21 ans. Les personnes à faible revenus et ayant bénéficié d’une formation moins poussée présentaient un risque de parodontite et de caries sensiblement accru en comparaison avec leurs concitoyens dont les revenus et le niveau de formation étaient meilleurs. Les auteurs de ces recherches ont bien conscience que ce n’est pas là une découverte révolutionnaire, mais ils ont tout de même observé dans la foulée une nette augmentation du fossé entre riches et pauvres, y compris en termes de problèmes bucco-dentaires.

 

Urgences

 

De l’autre côté de l’Atlantique, il est apparu que près d’un quart des personnes âgées sont atteintes de parodontite, ce qui fait de celle-ci l’un des plus importants problèmes de santé dans ce groupe de population. Par ailleurs, 20% seulement des séniors sont couverts par une assurance-maladie privée, et l’assurance publique Medicare ne leur rembourse absolument pas les soins dentaires. Autant dire que les personnes qui doivent vivre d’une petite pension ne peuvent généralement pas se permettre ce type de soins. Au cours de la période 1999-2000, ils ont donc été plus d’un million à se rendre aux urgences pour un problème dentaire pressant… et en 2009-2010, ce nombre atteignait pas moins de 2,3 millions ! Dans ce cas de figure, ils bénéficient en effet bien d’une intervention de Medicare, même si la majorité des interventions se limitent alors à prescrire un antalgique puissant (éventuellement un opioïde) et à extraire la ou les dents malades.

 

 

Sources :

Journal of Dental Research

Rapport « A State of Decay »