Plus de sport, plus de caries

À en croire une étude scandinave récente, le risque accru de caries chez les sportifs ne découlerait pas uniquement d’un abus de boissons énergisantes bourrées de sucre, mais aussi d’une modification de la composition et du taux d’acidité de la salive au cours de l’exercice…

 

À première vue, il peut sembler un peu contradictoire que les personnes qui pratiquent régulièrement une activité physique soient aussi davantage exposées aux caries. N’attendrait-on pas des sportifs qu’ils soient plus respectueux de leur corps et, par extension, plus attentifs à leur santé dentaire ? Ce paradoxe occupe les experts depuis un certain temps déjà… mais, pour l’expliquer, nombre d’entre eux ne regardent pas plus loin que le rôle des boissons énergisantes, qu’ils s’empressent de pointer d’un doigt accusateur pour leur forte teneur en sucre. Sans nier que ces produits puissent avoir un rôle à jouer, une équipe de scientifiques scandinaves a décidé de laisser un moment cet aspect de côté pour se concentrer sur la composition et le taux d’acidité de la salive.

 

Épreuve de force

 

Pour leur étude, les chercheurs ont recruté 35 triathlètes et 35 contrôles qui ne pratiquaient aucune activité sportive. Après avoir été soumis à un effort physique intense, les 70 participants ont été invités à compléter un questionnaire portant sur leurs habitudes alimentaires, leur consommation de boissons et leur hygiène orale. Les chercheurs ont également mesuré la quantité de salive et son degré d’acidité après l’épreuve de force… et c’est là qu’il est apparu que les triathlètes produisaient une quantité de salive significativement moindre que les sujets non sportifs et que leur salive était aussi plus acide que celle des contrôles. Le test a été réitéré à plusieurs reprises, toujours avec le même résultat. Mieux : les chercheurs sont même parvenus à démontrer l’existence d’une relation directement proportionnelle entre le nombre d’heures de sport et le risque de caries !

 

Londres 2012

 

Rappelons du reste qu’un tel lien de cause à effet était déjà apparu au cours des Jeux Olympiques de Londres, en 2012, au cours desquels un nombre anormalement élevé d’athlètes avaient sollicité des soins dentaires urgents – souvent pour des caries non soignées. Les sportifs sont en effet nombreux à avoir des problèmes de bouche sèche, et cette déshydratation favorise la prolifération des bactéries dans la cavité buccale. Boire suffisamment au cours de l’exercice est donc important non seulement pour préserver l’équilibre hydrique de l’organisme, mais aussi pour compenser la quantité limitée et le haut degré d’acidité de la salive – toujours, évidemment, dans la mesure du possible.

 

Source : Scandinavian Journal of Medicine & Science in Sports