MC réclame meilleur remboursement des soins dentaires

D’après une enquête de la Mutualité Chrétienne (MC), quatre Belges sur dix ont des difficultés à assumer le coût de leurs soins dentaires. Forte de ce constat, la MC a diffusé début avril un communiqué de presse appelant le prochain gouvernement à dégager 200 millions d’euros supplémentaires pour le secteur des soins dentaires. La Vlaamse Beroepsvereniging Tandartsen (VBT) a toutefois de sérieuses réserves à formuler quant à la conception et au traitement de cette enquête, qui cloue le dentiste au pilori tout en épargnant soigneusement patients et mutuelles.

Les résultats de l’enquête de la MC ont provoqué de sérieux remous au début du mois d’avril. Quatre Belges sur dix y affirment en effet avoir des difficultés à assumer le coût d’une consultation chez le dentiste et, parmi les 11% de patients qui déclarent qu’il leur arrive de reporter des soins, la majeure partie (26%) rogne sur les traitements dentaires. La MC a également interrogé ses membres sur le prix réellement déboursé pour leurs traitements dentaires. Des quelque 160.000 réponses collectées, il ressort que le coût d’un traitement orthodontique chez un patient adulte s’élève à 1.500 euros, celui d’un implant à 800 euros et celui d’une couronne à 550 euros. La MC a également observé que le montant réclamé pour un même traitement pouvait parfois différer considérablement d’un prestataire à l’autre, et ce sans raison apparente. La mutuelle exige donc des dentistes une transparence tarifaire accrue afin que les patients sachent exactement ce qui les attend. Dans la foulée de son enquête, la mutualité a également formulé cinq points d’action (voir cadre), préconisant notamment de dégager pour le secteur quelque 200 millions d’euros supplémentaires.

 

Sous prétexte de transparence

 

Yann Van Hoecke, président de la VBT, pose un regard extrêmement critique sur la conception, le contenu et les conclusions de l’enquête des MC : « Ce sondage de 54 questions est conçu d’une manière telle que seule l’image du dentiste en ressort écornée – et c’est également dans cet esprit qu’a été rédigé le communiqué – tandis que le patient et la mutuelle restent soigneusement épargnés. L’enquête n’interroge par exemple nulle part les patients sur leur hygiène buccale quotidienne. » D’aucuns ont également dénoncé le fait que les réponses sont entièrement tributaires de la mémoire du patient, mais c’est là un défaut commun à toutes les enquêtes rétrospectives. Yann Van Hoecke souligne néanmoins à cet égard que « les patients ont tendance à ne se rappeler que ce qu’ils ont déboursé, pas ce qu’on leur a remboursé pour les soins de base ».

 

Le président de la VBT peine aussi à comprendre pourquoi la MC réclame soudain 200 millions supplémentaires pour les soins bucco-dentaires. « Ce n’est pas aux mutuelles de coller un prix sur tel ou tel traitement et de réclamer qu’un certain pourcentage de ce montant soit remboursé. Il est surprenant qu’elles demandent soudain des moyens pour des prestations qui ont été retirées de la nomenclature il y a plusieurs années, alors qu’elles font la grimace à chaque fois que nous voulons des budgets supplémentaires pour les soins de base. Je suppose que c’est une manière d’introduire de nouveaux contrôles sous prétexte de transparence… et cela revient une nouvelle fois à présenter le dentiste comme un fraudeur qui ne pense qu’à se remplir les poches. »

 

Une ruine

 

Yann Van Hoecke note que d’importants efforts ont été consentis pour proposer des soins dentaires de base (presque) gratuits jusqu’à 18 ans, mais que les intéressés ne se font pas soigner correctement pour autant : « Si les patients ne profitent pas de cette opportunité et attendent que leur bouche soit devenue une véritable ruine, il ne faut pas venir accuser les dentistes de multiplier les traitements onéreux. La première chose à faire est de responsabiliser le patient, tout en encourageant voire en imposant des contrôles tous les six mois.

 

Bien que la VBT soit, tout comme les mutualités, demandeuse d’une refonte de la nomenclature dentaire, Yann Van Hoecke souligne qu’il est inacceptable de demander unilatéralement des moyens pour certaines prestations sans avoir le moindre projet concret : « Nous devons investir dans la responsabilisation, inciter chacun à s’acquitter de l’ “obligation” de soigner sa dentition tout au long de sa vie et de s’assurer qu’elle reste en parfaite santé en se soumettant à des contrôles annuels ou semestriels. Si un problème se manifeste en dépit de ces efforts, une offre de soins dentaires étendue et abordable peut être offerte à tout un chacun. C’est tout à fait possible moyennant une nomenclature claire liée à un honoraire honnête autorisant une médecine dentaire de qualité et à un remboursement correct de tous les traitements chez les patients qui veillent à préserver la santé de leurs dents. »

 

Les cinq points d’action de la MC

 

1. Un remboursement de certains types de soins dentaires par l’assurance-maladie. Dans un premier temps, remboursement de 25% du prix recommandé pour les bridges, couronnes, implants et prothèses squelettiques, avec un maximum de 300 euros. La MC réclame pour ce poste un budget supplémentaire de 200 millions d’euros.

2. Pour certains traitements, notamment dans le domaine de l’orthodontie, le dentiste devrait avoir l’obligation de rédiger un devis afin que le patient sache exactement combien l’intervention va lui coûter.

3. La MC réclame davantage de transparence dans les factures, qui devraient distinguer explicitement les honoraires, les frais de matériel, les suppléments, etc. Elle estime que les mutualités devraient également recevoir ces factures afin de pouvoir se faire une idée du remboursement des soins.

4. La MC voudrait encourager davantage de dentistes à se conventionner.

5. La MC veut stimuler davantage les actions de prévention.

 

David Desmet