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C'est avec un bain de bouche antiseptique qu'Edme François Julien Botot est passé à la postérité. Au milieu du 18ème siècle, il mit à profit les propriétés de plusieurs épices à la mode pour créer l'eau de Botot, toujours utilisée aujourd'hui.
Médecin de Louis XV, autant dire qu'Edme François Julien Botot était, au 18ème siècle, un homme de sciences reconnu. Il va surprendre en s'intéressant à l'hygiène dentaire, une préoccupation encore balbutiante à cette époque. Son idée : que chacun puisse assurer la santé de ses dents et gencives, sans l'intervention du dentiste. L'art dentaire esst encore jeune - il date de la fin du 17ème siècle - et les médecins ne voulaient pas que cette discipline leur échappe.
En 1755, Edme Botot met donc au point une eau balsamique. Le remède est obtenu à partir de la macération de différentes plantes et épices, alors très à la mode. La cannelle, la badiane de Chine, mais surtout le clou de girofle et son pouvoir anesthésiant parfument cette eau de bouche et lui confèrent des vertus antiseptiques recherchées pour la santé des dents et des gencives. On lui attribue même la capacité de traiter l'un des effets du scorbut, les gencives étant une des premières cibles de cette maladie. Enfin, en friction, l'eau du Botot avait la réputation d'apaiser rhumatismes et névralgies.
Le succès est vite au rendez-vous. Son efficacité est d'ailleurs reconnue par la société royale de médecine. Mais qui dit succès, dit contrefaçon envahissant petit à petit les étals. La presse s'empare de l'affaire avec un article publié dans la Gazette Nationale en 1793. Il rappelle que la seule véritable eau de Botot est celle vendue par son créateur, au 2 de la rue du Cloître-Saint-Jacques-l'Hôpital, à Paris. Botot appose quant à lui sur les bouteilles la devise Cui fidas vide (Prends garde à ce que tu te fies) et prévient à cette occasion que lui seul détient la vraie recette. Si celle-ci connaît quelques variantes, elle conserve les quatre ingrédients phares : la cannelle, le clou de girofle, la badiane de Chine et la menthe, auxquels ont été ajoutés plus récemment quelques ingrédients d'origine synthétique. Un cocktail qui a traversé les âges.
Avant la Révolution, Edme Botot cède les droits d'exploitation à son neveu, François Marie Botot. Ce dernier les revend presque aussitôt à sa soeur Marie-Sophie Botot, qui va développer la marque. Son paraphe figure toujours sur les bouteilles. Au XXème siècle, l'eau de Botot rejoint l'entreprise du pharmacien Rogé Cavaillès, désormais connu pour sa gamme de produits d'hygiène.